Le point de vue d'editions n°41FR d'AJ

Une révolution lente


André Cognard à Bourg Argental – 2011.

Lors de la Nuit des Arts Martiaux Traditionnels 2010, j’avais eu l’occasion de rencontrer d’éminents représentants des deux fédérations principales d’aikido en France. Ils m’avaient confié leur ras-le-bol des conflits orchestrés par les dirigeants de leurs organisations et de l’autoritarisme de certains qui allaient jusqu’à leur interdire de participer à un tel évènement. La Namt sentait le souffre car, certains des invités aikidoka étaient beaucoup trop éloignés des « critères officiels ». Je tairai le nom de ces personnes pour des raisons hélas évidentes. Outre le plaisir de se retrouver pour une telle occasion, « il y a trop longtemps que nous ne nous sommes pas vus », « c’est dommage de ne pas se voir plus souvent », il y avait les regrets concernant le fait que les dirigeants fédéraux travaillaient trop souvent à séparer plutôt qu’à unir. En 2011, la Namt a eu lieu à nouveau. Ce fut une belle manifestation, avec un plateau de démonstration très intéressant, un large public et des personnalités du budo comme les maîtres Kono, Nambu, et beaucoup d’autres. De nombreuses écoles d’aikido étaient représentées, bien sûr celle de maitre Tamura avec en particulier le très regretté René Van Droogenbroeck, celle de maître Saito avec le très reconnu Daniel Toutain, celle de mon maître Kobayashi Hirokazu, et, grâce à l’ouverture d’esprit de Léo Tamaki, celle de maître Noro à qui il fut rendu un splendide hommage. Son fils, un éminemment sympathique jeune homme conduisait une délégation de plus de cinquante personnes. A mon arrivée, je rencontrai ce groupe qui se préparait à intervenir. Cette rencontre « de couloir » fut pour moi un moment de prise de conscience. Tous ces pratiquants arboraient un large sourire, une cordialité non feinte qui me rappela le sourire de maître Noro, qui m’avait beaucoup touché quand j’avais eu la chance de bénéficier de son enseignement. Quelques mots échangés avec chacun, et en particulier avec monsieur Noro fils finirent de me convaincre que Noro Sensei avait su transmettre ce qui était aux yeux de notre fondateur, O Sensei, la plus grande force du budo, l’amour des autres. Son sourire avait exercé une contagion qui traversait les générations de pratiquants et faisait des hommes heureux. La démonstration de Ki no Michi fut dirigée de main de maître par Noro Takeharu, avec une assurance que seule l’absence de doute quant au bien fondé de la démarche peut conférer. Vous allez me dire : Comment pourrait-il en être autrement avec un tel père ? Certes, mais n’est-ce pas là le travail de tout maître que de donner cette force ?
J’ai eu quelques instants plus tard la chance de parler avec René VDB. Humilité, gentillesse, bonté manifeste, ouverture. La liste des qualités de cet homme ne pourra jamais être exhaustive. Son décès récent me peine énormément, même si je vois là l’expression d’une loyauté magnifique à celui qu’il considérait comme son maître. Il ne pouvait faire autrement que suivre celui-ci, exercer son engagement jusque dans la mort. Tamura Sensei a lui aussi transmis une de ses qualités, et non des moindres : une loyauté absolue.

J’ai eu ensuite le plaisir de converser avec Alain Floquet. Cordial, ouvert, heureux de pratiquer, un homme qui vit pour son art. Il est dans ses échanges ce qu’il a montré dans sa démonstration marquée par le dynamisme, la rectitude, l’agilité et la puissance, tout simplement remar…

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