Essai de Isabelle Belly – édition n°36FR d'AJ.

Aïkido – Feed-back


Isabelle Belly – Paris 2012.

Il y a un ouvrage sur l’aïkido que j’affectionne particulièrement, c’est « Etiquette et Transmission » de Maître Tamura Nobuyoshi (*). Je l’aime particulièrement, c’est celui que je sors le plus souvent de la bibliothèque pour m’y référer quand mes pensées vagabondent autour de ma pratique.
Je le sortais récemment sur le sujet des passages de grades. Sans doute parce que je m’interroge en ce moment sur l’opportunité pour moi de préparer un examen. Et je lis Maître Tamura : « la seule raison d’être des examens de kyu ou de dan en aïkido est de pouvoir prendre soi-même la mesure de ses progrès techniques ainsi que du niveau mental acquis dans un art où la compétition n’existe pas ».
Quand est-il alors de la mesure de mon progrès que je peux avoir de la part de mon professeur ? Parce que lui me connaît bien, contrairement aux jurés qui vont juger en 15 minutes des années de mon travail ?
Eh bien de mes professeurs, point de retour. Tout au plus un « ça va » en passant durant le cours. Dans les grands jours « c’est bon, tu l’as ». Parfois, une correction très ciblée pour corriger un point qui ne va pas. Et servir de uke pendant les cours et les stages. J’ai entendu dire une fois, qu’être choisit uke était un signe positif. J’ai lu quelque part qu’être uke du professeur, c’était une très bonne manière d’apprendre. A une époque lointaine au Japon, on servait de uke pendant longtemps avant de commencer à apprendre des techniques. Soit, mais je ne suis pas un samouraï du Japon féodal, il me semble. Ou alors ce fût dans une autre vie.
Lors d’examen à l’issue duquel l’impétrant n’a pas obtenu son grade, on entend parfois des remarques amères. Maître Tamura dit à ce sujet « lors de la proclamation des résultats d’examens, j’ai oui dire que certains s’estimaient lésés. Il s’agit d’une conduite inconvenante et inconcevable qu’il serait préférable de pouvoir passer sous silence ». Le jugement est sans appel.
Ce que j’ai souvent relevé, c’est que les remarques amères étaient le plus souvent assorties d’un manque de compréhension de la notation. Certains candidats n’avaient même pas en retour l’avis de leur professeur (pris parfois eux-mêmes en même temps sur un autre jury d’examen). Je parle ici des examens fédéraux communs FFAB/2F3A, pas des examens d’école qui je le présume se déroule selon un scénario différent.
Au-delà de la recherche de reconnaissance, qui devrait s’estomper avec l’âge, n’est-il pas légitime d’avoir un avis, argumenté et raisonné, sur sa propre progression, de la part de son professeur ?
Comment se fait-il donc que nos enseignants ne manient pas le verbe en retour de la pratique de leurs élèves ? Craignent-ils de perdre des élèves si leur avis se révélait négatif ? Ou craignent-ils d’être taxés de flagornerie à visée commerciale si leur avis était trop positif ?



Dans le monde du travail, le développement professionnel des individus me tient à cœur. Je sais que la pratique des Ressources Humaines n’a pas bonne presse parfois, mais ce métier est comme un village gaulois. Il contient de véritables valeurs humanistes qu’il convient de défendre coute que coute. Le développement professionnel est un sujet vaste et son exercice utilise de nombreux outils, iss

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